Vies de champignons

En automne, ils sont partout! On cherche les plus meilleurs, les plus goûteux, on garde jalousement le secret des meilleurs coins... pourquoi certains champignons ne poussent qu'au pied de certains arbres?

Parce qu'ils leur sont associés, bien sûr! Des champignons, nous ne voyons que la partie émergée, les organes reproducteurs. Mais comme une plante ne se résume pas à sa fleur, un champignon n'est pas son "carpophore", cette partie charnue généralement en forme de pied et chapeau que nous détachons du sol d'un air gourmand. Le "cèpe" ou la "morille" ne sont qu'une infime partie de l'organisme du champignon, qui se présente plutôt sous la forme d'un réseau de fils blanchâtres dans le sol, le "mycélium".

Ce mycélium révèle le mode de vie du champignon, et la façon dont il se nourrit. Beaucoup d'espèces vivent en symbiose mutualiste avec des plantes, par exemple des arbres, avec lesquels elles échangent des nutriments : ceux qui savent faire de la photosynthèse (les plantes, donc), c'est à dire utiliser le soleil et le CO2 de l'atmosphère pour fabriquer du sucre, fournissent le sucre, ceux qui savent fixer l'azote de l'atmosphère fournissent les molécules azotées. Et tout le monde est content, c'est donnant-donnant.

D'autres espèces vont préférer jouer les parasites, et se nourrir des plantes vivantes sans rien leur donner en échange. Est-ce le cas du petit champignon ci-dessous, qui n'a pas formé de mycorhize avec l'arbre, mêlant son mycélium aux racines, mais poussant directement sur ou dans le bois? C'est fortement probable. En toute logique, il existe des plantes qui parasitent les champignons, ce qui les dispense de se fatiguer à fabriquer de la chlorophylle, comme la monotrope uniflore. On les appelle mycohétérotrophes. Elles profitent d'ailleurs volontiers de champignons qui ont déjà établi une relation à bénéfice mutuel avec d'autres plantes!

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Ces symbioses, qu'elles soient parasitiques (un des deux membres de l'association tire tout le bénéfice au détriment de l'autre) ou mutualistes (les deux tirent un bénéfice), se sont mises en place par un phénomène de coévolution, dans lequel chacun a évolué dans sa capacité à tirer le meilleur de ce lien, l'un prenant parfois le dessus sur l'autre. Ce qui s'exclue pas que celui qui se fait exploiter par un parasite ne dispose de stratégies pour lutter contre lui, dans une escalade offensive/contre offensive.

Enfin, d'autres espèces de champignons se nourrissent de déchets. On les appelle "saprophytes" et elles font décomposer bois mort, les feuilles mortes. Ils peuvent aussi se nourrir des déchets des racines (cellules mortes etc.), et contribuer ainsi à leur environnement en influant par exemple leur flore microbienne et la disponibilité des nutriments pour les racines.

Et naturellement, une espèce de champignon peut conjuguer plusieurs modes de nutrition, tandis que d'autres seront exclusifs, certaines espèces de champignons ne formant des associations qu'avec certaines espèces de plantes, au pied desquelles le promeneur averti cherchera.

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